La Russie : un pays largement sous-industrialisé.

 

Abidjan le 15 Avril 2022image.png

Le Président Vladimir Poutine semble avoir mis son pays dans une impasse. La Russie pourra-t-elle s'en sortir ? 



Avec l'invasion de l'Ukraine, la Russie tente de s'affirmer en tant que " puissance dominante"  avec laquelle il faut compter. En fait, elle veut donner l'impression de faire jeu égal avec les Etats Unis. Quand on analyse cependant les chiffres, on se rend tout de suite compte du large fossé qui les sépare. La Russie ne fait tout simplement pas le poids. 



Considérons tout d'abord les budgets militaires, Selon le Centre International de Stockholm pour la Recherche de la Paix dont les données font référence en la matière, en 2019 le budget militaire de la Russie s'élevait à 65,1 milliards de dollars, tandis celui des USA pointait à 732 milliards, soit plus de onze fois plus. Cette seule statistique montre immédiatement que les deux pays ne jouent pas dans la même catégorie. 

 

 

Concernant maintenant certains chapitres des équipements militaires, si nous considérons les porte-avions, les USA en possède douze, ainsi que douze porte-hélicoptères d'assaut, tous en service actif. La Russie ne possède qu'un seul porte-avion, l'amiral Kuznetsov ", entré en cale sèche pour réparation depuis 2018. Il est pratiquement en fin de vie. En 2010, la Russie avait commandé deux bâtiments de projection et de commandement à la France, des porte-hélicoptères, qui tranportent également des chars dans leur soute. Suite à l'annexion de la Crimée en 2014, ces commandes ont été annulées. Aujourd'hui, la Russie n'a ni porte-avion ni porte-hélicoptère, elle n'a  aucun moyen de projeter des forces loin de ses frontières. 

 

 

Concernant la marine, en 2000, le plus grand sous-marin russe de la flotte du Nord, le Koursk, sombrait dans la mer de Barents avec 117 hommes à bord. Les Russes n'avaient aucun moyen de faire remonter la coque à la surface. C'est une entreprise hollandaise qui est venue à leur rescousse. En 2003, ce fut au tour d'un autre sous-marin d'être pris au piège dans les filets, dans le pacifique. Ce furent les Anglais qui sont parvenus à faire remonter le submersible. Les Russes n'ont aucune technologie pour ce genre d'opération de sauvetage. Les bâtiments de la marine Russe sont souvent qualifiés de " rafiots à voile ", tant ils sont vétustes.

 

 

Concernant l'aviation de combat, alors que de plus en plus d'avions de chasse occidentaux sont désormais dotés de commandes tactiles, les avions russes ( Mig et Sukhoi ) continuent d'être équipés de commandes manuelles. L'électronique à bord de leurs appareils leur est fournie par des entreprises occidentales, notamment israéliennes. Les Russes n'ont pas d'avions furtifs à l'instar des Américains, et aujourd'hui des Chinois. Ils n'ont pas les moyens de développer cette technologie. Dans le domaine des avions civils, totalement absent depuis 30 ans, les Russes ont mis sur le marché en 2010 le Sukhoi Superjet-100, un moyen courrier. Mais le 10 Mai 2012, cet avion s'écrasait en Indonésie, en plein meeting aérien devant des acheteurs potentiels. Le système de navigation était en cause. L'accident a sonné le glas des commandes. Même les compagnies russes refusent aujourd'hui de voler avec cet appareil, malgré que son prix soit fortement subventionné par le gouvernement russe . 

 

 

En matière spatiale, si la Russie fut dans le passé une grande nation, avec le premier homme dans l'espace, aujourd'hui elle est à la traîne. Des pays tels les Emirats Arabes Unis réussissent à mettre des satellites autour de la planète Mars. Les Américains ont envoyé une sonde survoler la planète Pluton, l'une des plus reculées du système solaire. Les Européens et les Japonais envoient des sondes sur des astéroïdes et des comètes, tandis que les Chinois ont envoyé un Rover sur Mars, après les Américains. La Russie ne peut se limiter que dans le voisinage de la Terre. Sa technologie a pris du retard. Elle envoie certes des hommes dans l'espace , mais malheureusement pour elle, des compagnies privées américaines font de même, et à des prix réduits car leurs engins sont réutilisables, contrairement aux fusées russes qui se désintègrent dans l'atmosphère après avoir mis en orbite leur charge utile. 

 

 

En matière économique, le retard de la Russie est encore plus frappant. En 2019, le PIB russe était estimé à 1 669 milliards de dollars, tandis que le pib américain pointait à 33 272 milliards, soit 19 fois plus.  Hors pétrole et gaz ( 30% ), le PIB russe serait comparable à celui du Mexique ou de l'Indonésie. C'est dire que la structure de l'économie russe fonctionne largement comme celle des pays en développement, dépendant fortement des matières premières. L'industrie automobile russe est dérisoire, ils ne fabriquent qu'un ou deux modèles qui ne s'exportent pratiquement pas. Hormis le pétrole et le gaz, les Russes exportent des armes, des métaux, du blé et des engrais. C'est à peu près tout. Ils n'ont aucune firme internationale, en dehors du secteur des matières premières et des armes. Bien sûr ce sont des entreprises publiques.

 

 

Les Russes ne sont présents ni dans le BTP, ni dans la finance, ni dans l'industrie pharmaceutique,  ni dans la chimie industrielle, ni dans la construction navale, la construction ferroviaire, etc..etc... En fait, ils sont en retard dans tous ces domaines.  En matière d'infrastructures routières, le pays est très peu doté d'autoroutes. Il n' y a pratiquement pas d'échangeurs à Moscou, pas d'escalators comme on le voit dans les autres capitales occidentales. Moscou est la seule ville de Russie dotée de gratte-ciels. En dehors de la région de Moscou, on se retrouve dans l'Europe du 18ème siècle. Ceux qui voient en la Russie une grande puissance capable de rivaliser avec les Etats Unis, notamment les Africains, doivent revoir leur copie. La Russie ne peut fournir aucune aide au développement à aucun pays en dehors de l'assistance militaire, parce qu'elle est elle-même "en développement". Avec les sanctions occidentales, son économie craque de toutes parts en ce moment. Vladimir Poutine a lui-même plusieurs fois reconnu que son pays accusait un retard sur les nations occidentales.



Enfin sur le plan politique, le pays vit de fait un régime de parti unique. Les partis d'opposition sont pratiquement inexistants sur le terrain, pas de médias indépendants, les ONG critiques du pouvoir ont toutes été dissoutes, internet est régulièrement coupée, pas de manifestations autorisées, les élections sont manipulées au profit du parti "Russie Uni" qui soutient le pouvoir, les opposants en exil sont assassinés,  le parlement est monocolore, tous les marchés publiques sont attribués aux proches du pouvoir, ce qui débouche sur un niveau de corruption digne des pays d'Afrique. La Russie est loin, bien loin des standards des grands pays occidentaux.

 

 

Douglas Mountain

Le Cercle des Réflexions Libérales

oceanpremier4@gmail.com

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

La Côte d’Ivoire doit-elle se préparer à un effondrement de l’Etat malien à l' image de l'Afghanistan ?

Le lourd secret sur la conscience du flamboyant Paul Kagamé

Guerre d'Ukraine : l'armée russe étale ses limites